L'antre de la folie fait partie de ses films au scénario tellement bien ficelé, horrifique et prise de tête, qu'on se demande si ce n'est pas le diable en personne qui l'a écrit.
Reprenant le style d'écriture de Stephen King et H.P. Lovecraft, le scénario de Michael de Luca nous plonge avec brio dans la vie de John Trent, enquêteur pour les assurances. Il est chargé par Jackson Harglow, le directeur de la maison d'édition « Arcane », de retrouver Sutter Cane, un écrivain à succès qui a disparu. Durant ses investigations, John se rend compte que le monde d'épouvante apparemment fictif créé par Sutter Cane serait en fait bien réel.
Qui dit scénario en béton ne dit pas forcément film à succès, tout dépend de qui le réalise et qui d'autre que le génial John Carpenter, le réalisateur d'Halloween et de The Thing pour réaliser ce monument du cinéma ?
Il est bien connu que Carpenter est passé maître dans l'art de l'horreur subjective, horreur qui permet de ne rien montrer tout en faisant monter la pression du spectateur, mais aussi dans l'art de montrer des monstres tout aussi effrayant !
Très référencé, l'univers du film renvoie sur quelques points de vue à Stephen King, pour le côté écrivain de best-sellers horrifiques, mais surtout à Lovecraft pour le passage progressif vers un univers cauchemardesque, où des entités anciennes et oubliées, aussi mauvaises que puissantes, attendent leur heure pour détruire l'humanité. Ce mythe des "grands anciens" aux aguets, attendant le moment propice pour déferler à nouveau sur le monde est en effet la trame principale de l'œuvre de Lovecraft. De plus, le thème de la folie est essentiel dans l’œuvre « lovecraftienne » et le titre anglais du film (The Mouth of Madness) a une connotation proche d'une des grandes nouvelles du Maître de Providence, Beyond the Moutains of Madness.
Étrangement pourtant, cet écrivain majeur, considéré avec Edgar Allan Poe comme le meilleur écrivain fantastique américain, a été assez peu adapté au cinéma (surtout si l'on compare avec Stephen King par exemple). Stuart Gordon s'y est essayé plusieurs fois avec des degrés de réussite inégaux (Aux portes de l'au-delà (From beyond), Dagon), mais c'est John Carpenter, qui, bien que n'adaptant pas une histoire de l'écrivain, lui rend le plus hommage en s'inspirant de son univers pour L'Antre de la folie. En suggérant une indicible menace plus qu'en la montrant, il intègre le style de Lovecraft à son cinéma et le sert merveilleusement bien.
Comme la plupart des films de Carpenter, ceux-ci ne plaisent pas aux box-office et sont tous considérés comme des échecs commerciaux. Ce film ne déroge pas à la règle et ne rapporte que 8 924 000/8 000 000$ et ne fait que 182 061 entrées en France mais le film devient culte à sa sortie en vidéo et est même qualifié de "Meilleur film de 1995".
Pour tous ceux qui n'auraient pas encore vu ce film et qui aime ce plongé dans des univers où la folie et la réalité ne font plus qu'un, n'hésitez plus et jetez vous à corps ouvert dans ce chef-d'oeuvre du 7ème art !
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire